Hervé Blaise Menguele

Jeunesse d'Afrique

Quel triste bilan que celui offert par l'Afrique en ce debut du troisième millenaire. Au moment même où le monde voit la montée de nouvelles puissances à l'instar de la Chine, et la consolidation des grands ensembles régionaux, l'Afrique, elle, semble decidée de continuer à être à la une des grands titres mondiaux comme étant le continent de la misère, de la corruption, des catastrophes naturelles, des maladies et de la guerre.

Notre continent, aussi reculé et marginalisé soit-il, est cependant très célèbre à travers certains pays comme le Congo, la Somalie, le Soudan, le Rwanda et bien d'autres. Pour preuvre, dans les rues de Beijing et ailleurs dans le monde, on attribue à presque tous les Africains ces nationalités. C'est dire combien ces Etats font parler d'eux !

Et la conséquence logique de cette situation est que les maux qui minent l'Afrique poursuivent ses fils partout dans le monde. Nous sommes en effet quotidiennement victimes des railleries de nos hôtes et rester insensible à pareille situation serait renoncer à son statut d'homme. D'aucuns croiraient que c'est à cause de la couleur de notre peau mais les experiences les plus ordinaires nous prouvent que c'est plutôt notre appartenance à l'Afrique qui fait de nous des hommes suscitant des médisances et de la méfiance.

Il est par exemple souvent arrivé que nous soyions une bande de six noirs dont quatre Americains et deux Africains. A peine ces dernirers se désolidarisent de nous en clamant leur appartenace à l'Amerique, qu'ils se voient élevés au rang d'HOMMES. Notre seul crime, mon autre frère et moi, n'est autre que celui d'être originaire de ce continent "maudit", peuplé d'hommes aux facultés inéluctablement inférieures et où abondent à merveille toutes sortes de calamités.

Oui, l'Afrique pousse des cris de désarroi et l'espoir d'une vie meilleure longtemps promise par nos dirigeants s'éloigne quotidiennement. Oui, l'Afrique continue d'offrir des spectacles peu reluisants au monde entier. Oui, l'Afrique continue d'être le théatre de conflits fratricides aux motifs parfois irrationnels. Oui, l'Afrique continue de souffrir de la pauvreté et de la misère. Oui, l'Afrique continue de s'infecter de ces maladies incurables qui déciment ses populations…Ne le nions pas car c'est la vérité !

Mais dans cette vaste clameur de désespoir dont l'écho ne cesse d'aller grandissant, la nécessité s'impose pour nous tous fils et filles d'Afrique de décréter une situation d'urgence afin de trouver des solutions adéquates au mal qui nous gangrène. C'est à ce moment précis que bouger le cerveau devient une nécessité impérieuse afin de dégager des options multiples susceptibles de contenir des recettes même partielles qu'on va associer à d'autres complémentaires.

L'intellectuel ou du moins l'universitaire à la différence avec l'homme du commun, est l'artisan principal de toute tentative de conceptualisation des problèmes auxquels les peuples sont confrontés. Une démission ou un laxisme de sa part devient une condamnation à mort pour toute une génération d'hommes dorénavant sans perspective aucune de salut.

Si l'histoire de l'humanité nous édifie sur des cas où tout un peuple a été dans l'impasse, il n'en demeure pas moins que sa libération n'a pas été le fruit d'un attentisme exacerbant. Au contraire, les maux multiples dont les hommes ont souffert par le passé n'ont souvent trouvé de remède que grâce aux diatribes acerbes des intellectuels.

L'Afrique, certes, ne manque pas d'hommes de cet acabit mais il faut avouer que nos intellectuels, pour leur grande majorité, sont sujets à cette aliénation personnelle qui consiste à vendre leur conscience au profit d'un bout de pain ou d'une distinction fallacieuse.

A qui donc abandonnent-ils la responsabilité essentielle qui leur incombe? A qui veulent-ils léguer cet héritage honteux aux odeurs d'infamie et de félonie? La question a lieu d'être posée! Oui, ces hommes illuminés en qui on a souvent fondé des espoirs inouis sont-ils vraiment à la hauteur de nos attentes? Ne sont-ils pas le fruit d'une époque qui continue sa longue et interminable agonie?

Cet héritage, t'est peut-être destiné à toi, jeune fils d'Afrique dont l'éclosion est à venir. Oui, tu es celui là en qui repose cette lourde tâche, celle de penser ton Afrique et d'agir pour son salut!

Tu es encore jeune et c'est aujourd'hui le moment ou jamais de prendre conscience de ta mission. Elle est de sauver cette Afrique trébuchante, tremblante, agonisante qui ploie sous le coup de moults maux aux aspects divers. Oui, Jeunesse Africaine, jeunesse de mon continent, la responsabilité t'incombe de rêver d'abord d'une Afrique nouvelle dans ton esprit puéril. Ensuite de conceptualiser ce rêve afin d'en faire un projet et enfin, de faire du projet une réalité. Tu en as les moyens!

Jeunesse de mon Afrique, je suis un des tiens… Je t'implore d'être sensible à cet appel. Je te prie d'écouter cette voix qui t'interpelle depuis une chambre d'étudiant à Pékin. Ensemble, dégageons cet horizon obscur qui nous bloque le passage. Disons non à tous ceux-là qui nous asservissent et oeuvrons pour que notre Afrique se mette enfin debout.

Il nous est indispensable de libérer totalement l'Afrique des chaînes du colonialisme et de ses corrolaires. Comment imaginer un peuple responsable de sa destinée sans indepandance complète? Nous continuons à ce jour d'être des marionettes manipulées, sacrifiées, marginalisées pour les interêts des pays occidentaux et de leurs habitants. Nous continuons d'être des cobailles pour des experiences périlleuses qui souvent, sèment la mort dans nos contrées. Nos pays continuent d'être des dépots de déchets toxiques qui agissent quotidiennement sur la santé de nos populations.

Oui, jeunesse Africaine tu es privée d'une éducation de qualité parce qu'il ne faut pas que tu découvres toutes ces horreurs. Tu es privée d'une éducation de marque parce qu'il ne faut pas que tu comprennes le cynisme dont tu es victime car si toute la verité t'etait enseignée, l'école serait dorénavant ce lieu te préparant à la délicatesse de ta mission future.

Ton Afrique est encore cette terre asservie, malmenée par des interêts occultes qui font peser sur elle le poids de la mendicité et de la misère. Le spectre de la fatalité a déjà fleuré certains esprits mais moi je te le dis jeunesse Africaine, ta seule ardeur suffit pour changer la donne.

Il nous incombe aussi la mission de débarrasser notre Afrique de ses leaders corrompus et asservis. Je pense à notre cher frère Albert Bernard Bongo, ce fruit "impeccable" des résaux francafricains qui en 1996, lors d'une interview accordée à un journal Francais déclarait: "L'Afrique sans la France, c'est une voiture sans chauffeur. La France sans l'Afrique, c'est une voiture sans carburant." Quelle bêtise! La liste de ces derniers est longue…

Nous sommes aussi dans la nécessité impérieuse de reconstituer les faits véridiques de l'histoire. L'histoire enseignée dans nos écoles n'est qu'un tissu fantaisiste des évenements passés relatés pour la seule corruption des consciences puériles. Au Cameroun par exemple, les figures emblématiques à l'instar de Ruben Um Nyobé sont diabolisées, massacrées alors quelles devraient être des symboles nationaux pour avoir compris très tôt l'indispensable nécessité de l'indépendance absolue. Paix à son âme et que l'oeuvre amorcée par lui et ses contemporains soit menée un jour à terme!

Reconstituer les faits véridiques du passé implique inéluctablement la nécessite de Repenser toute l'éducation. Enseigner à notre peuple le bien fondé du nationalisme, de l'amour de la patrie est un préalable à toute tentative de généralisation de la prise de conscience.

Inscrire le travail dans nos moeurs fait partie des choses sans lesquelles l'Afrique ne pourrait jamais décoler. Car le laxisme qui caractérise nos populations est un mal à soigner à la base. Et dans le travail, il faut bâtir un idéal car toute nation sans idéal, sans repère, évolue comme une barque prise de vertige dans les eaux troubles de la haute mer. Et cet idéal devrait être la volonté d'affirmation par un travail constant, efficace et surtout bénifique au développement de notre Afrique.

Jeunesse Africaine, la recherche de la dignité et de la grandeur a parfois entrainé des hommes au suicide, des Etats à la destruction. Mais c'est une entreprise inévitable dans la mesure où l'humanité a ceci de particulier qu'elle est en quête permanente des multiples options suceptibles de rendre son existence meilleure, prestigieuse et surtout respectueuse. L'Afrique cependant est cette terre hilare empreinte de misère et dont les hommes semblent se complaire à une quiétude abusivement satisfaisante. Disons non à cette image macabre et fallacieuse qu'on entretient de notre peuple et ce serait ainsi répondre à l'appel de Franz Fanon qui disait: "Chaque génération doit dans une relative opacité, découvrir sa mission: l'accomplir ou la trahir." Choisissons d'accomplir la nôtre.

"HONTE AU FILS QUI NE FAIT PAS MIEUX QUE SON PERE".
Proverbe Malgache.

Herve Blaise Menguele
The People's University Of China

http://cameroon-info.net/cmi_show_news.php?id=8779



01/08/2007
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 23 autres membres