Hervé Blaise Menguele

Laurette où es-tu?

Laurette, je me souviens toujours de toi. La première fois que mon cœur a battu pour une fille c'était pour toi. J'avais à peine cinq ans et toi aussi. Je me souviens bien de ce jour où nous nous sommes vus pour la première fois. Je venais d'être inscrit à l'Ecole Publique Groupe 1 de Sangmélima et la providence fit de toi ma camarade de classe. Qu'est-ce que tu étais belle ! Qu'est-ce que tu étais ravissante !

Toutes ces années où nous avons fréquenté ensemble la même école, j'ai vécu les plus beaux moments de mon existence. Dans cette innocence puérile, j'ai souvent consenti à te céder tout mon petit déjeuner. Que j'étais fier le soir en me couchant quand je me rappelais de cet honneur que tu m'avais fait, celui d'achever sans sourciller le bout de pain que ma mère avait préparé spécialement pour son brave fils.

Laurette, je me souviens encore de ces matins brumeux. Quand tout emballé dans ma couverture le réveil m'indiquait qu'il était 6 heures et demie. Autour de moi, tous se plaignaient. Et pourtant ce réveil était mon meilleur ami car chaque fois qu'il sonnait, il me rapprochait de toi.

Et puis un jour j'ai dû partir. J'ai dû quitter notre école Publique Groupe 1. Je suis allé dans une autre école à Zoetélé tout en brousse ! Te souviens-tu bien de ce jour-la ? Ma tante était venue. Elle avait dit à monsieur Otam que ma grand-mère était décédée. Apitoyé, monsieur Otam nous avait libéré mon cousin Françis et moi. Pourtant, personne n'était mort. Ma tante était venue nous voler car ma mère avait rompu avec la famille…

J'avais pleuré Laurette. Oui j'ai pleuré. Tous les soirs à Zoétélé, je pensais à toi, à nous. J'ai souvent repense à ces jours merveilleux où seule ta présence réussissait à me faire sourire.

D'aucuns prétendent que l'enfance est simple évolution, simple transition. Je dis non ! Cette étape de ma vie a été la plus riche, la plus épanouie grâce à toi Laurette.

Mais savais-tu seulement que je t'aimais ? Savais-tu Laurette que tu étais ma lumière ? Savais-tu que sans toi la vie m'était amère ?

A vrai dire, je doute que tu l'aies jamais su…Je ne te l'avais jamais avoué. Et pourtant, j'aurais tout donné pour pouvoir te dire « Laurette je t'aime ». J'avais cependant peur que tu ailles me trahir chez monsieur Otam. Qu'il savait manier la « chicotte » celui-là ! Si j'avais osé te dire de telles bêtises, tu allais certainement me faire « fouetter » et j'avais peur de ce supplice.

Aujourd'hui, je repense à ces années lointaines. La nostalgie m'habite et je pleure. Je pleure Laurette parce que je ne suis pas sûr de te revoir. Que Dieu me le permette au moins une ultime fois !

A la bonne vieille époque, je ne pensais qu'à toi. La vie et ses péripéties ne me préoccupaient guère. T'aimer et rêver de toi suffisaient à mon bonheur. Aujourd'hui cependant, l'alcool et les plaisirs mondains sont devenus mes amis et je ne peux m'empêcher de repenser à Mamadou et Binata, ce fameux livre !

Laurette, un jour je serai mort. Toi aussi. Mais avant que la vie ne fasse de nous de vulgaires souvenirs, de vulgaires passagers ayant rejoint l'au-delà, je me devais de te dire que tu as été le rayon de soleil de ma vie, de toute ma vie.



01/08/2007
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